La question de la géolocalisation est aujourd’hui au cœur des préoccupations des opérateurs de réseaux radio longue portée et basse consommation LoRa ou Sigfox qui doivent gérer pour le compte de leurs clients des parcs d’objets connectés en constante progression. En milieu urbain dense, il est ainsi nécessaire de disposer de modèles de propagation 3D des ondes électromagnétiques précis et quasi-temps réel pour calculer les trajectoires des signaux en fonction de l’environnement entourant les stations de base, pour améliorer la précision de géolocalisation. Ce type d’informations intéresse particulièrement le marché des objets connectés. La société innovante Gwagenn (la « petite vague » en breton, soit « longueur d’onde » en langage scientifique…), implantée à Lorient depuis 2017 en provenance de St-Malo, développe ce type d’algorithme.

Expert depuis 25 ans dans le domaine, Jean-François LEGENDRE a notamment travaillé sur les techniques de brouillage des signaux radio des engins explosifs improvisés radiocommandés au sein du Ministère des Armées.

« Suite à cette expérience, j’ai créé Gwagenn en 2015 pour faire initialement de la simulation embarquée du brouillage au plus près des militaires. Nous avons développé un modèle de propagation des ondes capable d’effectuer des calculs en moins d’une seconde à partir d’une position GPS qui peut être celle d’un véhicule militaire ou d’une limousine d’une personnalité importante, dès lors qu’ils sont équipés d’un brouilleur, explique le fondateur de la start-up. Le logiciel indique alors les zones où le brouillage est efficace et où le personnel (le soldat ou le VIP) peut circuler sans danger. »

En effet, pour se protéger des engins explosifs, les véhicules militaires sont équipés de brouilleurs qui bloquent les déclenchements de bombe par radio en saturant la zone d’ondes électromagnétiques. En zone urbaine, le brouillage peut se trouver dégradé par l’environnement immédiat.

La brique technologique développée par Gwagenn permet de calculer sur une tablette en moins d’une seconde la propagation des ondes à partir d’une représentation 3D à très haute précision de la zone : « L’écran de la tablette affiche alors les zones de sécurité qui sont effectivement protégées par le brouilleur avec des niveaux de probabilité, indique Jean-François Legendre. Les capacités de simulation du logiciel Warn’Ops – avertir les opérationnels – ont déjà été testées et nous souhaitons développer la diffusion d’une première version en 2018 sur les marchés de la sécurité civile et militaire, avec l’embauche d’une Directrice commerciale expérimentée, ex-Apple et Cisco . Rien qu’en France, le marché ciblé est d’environ 6 000 véhicules avec des clients comme Bull, Thales, etc.».

Ce type de technologie peut aussi être exploité pour positionner les stations de base de télécommunication comme les réseaux dédiés aux objets connectés pour optimiser leur positionnement et donc le coût de l’infrastructure. Une technologie de protection militaire trouve ainsi une application civile sur un marché à fort développement.

Jusqu’ici, la startup a financé ses deux années de R&D via des prestations de consulting pour des industriels, une activité qu’elle entend poursuivre.

Fin 2016, la société est lauréate du Cyber West Challenge, organisé par Lorient Technopole en collaboration avec VIPE, et soutenu notamment par le groupe DCI, l’opérateur de référence du ministère de la Défense, et la société DCNS. Grâce à ce concours, une levée de fonds de 150 k€ vient d’être conclue avec SFLD en septembre, le partenaire de Lorient Technopole pour le financement des entreprises du Morbihan en capital risque.

De quoi donner à la jeune société les moyens d’accélérer son développement sur ces marchés notamment en portant son effectif à cinq personnes d’ici à la fin 2017. La première, Patricia, Docteure-Ingénieure en informatique, vient d’être embauchée à l’issue de la phase de closing.