LA SAPONANTE, des savons ménagers fabriqués à Lorient avec des huiles recyclées. Développés pour nettoyer et dégraisser la vaisselle, les surfaces et le linge

Interview de Domitille LUCEREAU, fondatrice de LA SAPONANTE

Sa mission : Transformer le monde de la détergence en proposant des produits ménagers efficaces conçus selon une démarche d’économie circulaire afin de limiter le gaspillage des ressources.

👋 Bonjour Domitille, pourquoi avoir créé LA SAPONANTE ?

Ingénieur chimiste de formation, j’ai eu l’opportunité de partir vivre trois années à Tahiti pour suivre mon mari. J’ai profité de cette période pour animer des ateliers de création de produits cosmétiques et ménagers éco-responsables. Là-bas, j’allais directement à l’huilerie de Tahiti, acheter mon huile de coco en vrac pour fabriquer les savons. De retour en bretagne, j’ai cherché une alternative locale et durable pour continuer à fabriquer mes savons sans utiliser de l’huile de coco qui vient du bout du monde et j’ai imaginé La Saponante. C’est une entreprise individuelle qui propose des savons ménagers pour la vaisselle, le nettoyage des surfaces ou pour détacher le linge.

Je les ai appelés « Le savon de Lorient » en référence au Savon de Marseille. La particularité de ces savons, c’est qu’ils sont fabriqués à partir d’huile végétale recyclée. En effet, les huiles végétales conservent leurs propriétés malgré les cycles de température. Elles sont collectées, purifiées, saponifiées à froid avec ajout d’actifs naturels (bicarbonate, terre de sommières) pour fabriquer localement des savons ménagers solides, durables et respectueux de l’environnement. Ces huiles végétales (tournesol ou colza) usagées permettent d’obtenir des savons détergents utilisables pour un ménage plus propre.

🧼 C’est quoi la saponification ?

La saponification est le processus chimique qui permet de fabriquer du savon. Il résulte de la réaction entre des graisses ou des huiles et une solution alcaline, typiquement de la soude caustique pour les savons solides ou de la potasse pour les savons liquides. La saponification peut se faire à chaud (Comme pour le savon de Marseille) ou à froid.
Selon les huiles utilisées et leurs propriétés, on obtient des savons plus ou moins durs, moussants, doux ou détergents. Par exemple, pour les savons corporels, on privilégie des huiles vierges de première pression à froid riches en antioxydant. On ajoute ensuite des huiles non transformées pour nourrir la peau et protéger la barrière lipidique naturelle.

Pour les savons ménagers, on sélectionne des huiles moins prestigieuses, choisies pour leur pouvoir nettoyant et leur capacité à dissoudre les graisses.

♻ D’où vient l’huile utilisée ?

En France, chaque année ce sont 150 000 tonnes d’huiles alimentaires qui sont utilisées mais seulement ¼ d’entre elles sont recyclées. Elles sont une source potentielle de pollution pour nos écosystèmes. Elles sont considérées comme la première source de contamination des eaux pour les municipalités françaises. Si une législation spécifique a été mise en place pour favoriser son recyclage, elle ne s’applique que pour des volumes supérieurs à 60 litres par an. De nombreux acteurs de la restauration restent en deçà de ce seuil.

Pour assurer l’approvisionnement de La Saponante, j’ai souhaité collaborer avec la cuisine centrale de Kerletu (450kg/an) et le café-restaurant Code Zéro. Pour le moment j’assure la collecte moi-même car c’est une étape essentielle pour sécuriser une source durable de matière première. Une charte de qualité a été établie avec chaque fournisseur pour garantir que les huiles récupérées correspondent aux critères de composition en acides gras souhaitées et qu’elles contiennent moins de 20% de composés polaires (norme alimentaire pour l’utilisation optimale des huiles). Je commence à chercher de nouveaux partenaires qui souhaiteraient de me donner leurs huiles usagées.

Qu’est-ce qui différentie vos savons de ceux du commerce ? Et pourquoi des savons ménagers ?

Les produits ménagers conventionnels et liquides vendus dans le commerce relèvent souvent de la détergence classique. Ils sont fabriqués à partir de dérivés de la pétrochimie et contiennent des composés éthoxylés, des sulfates (irritants pour la peau), des conservateurs, des allergènes…

Beaucoup de savons solides du commerce sont des savons industriels. Ils sont produits en grande quantité par saponification à chaud. Ce process nécessite une montée en température des ingrédients, autour de 100°C, pendant plusieurs heures voire plusieurs jours suivant les recettes et les volumes. Le savon obtenu est ensuite rincé ce qui entraine l’élimination de la glycérine, produite lors de la réaction chimique. Ils sont pour la plupart fabriqués à partir d’huiles de palme ou de coco dont l’origine éloignée n’est pas optimale d’un point de vue écologique.

J’ai fait le choix d’utiliser des huiles végétales collectées localement qui ont encore toutes les bonnes propriétés pour faire des savons ménagers qui moussent et qui dégraissent avec la méthode de la saponification à froid. Cette méthode ne nécessite pas de montée en température. Elle est donc nettement moins énergivore. La glycérine obtenue au cours du process est conservée dans le savon. Elle permet d’obtenir un savon moins « agressif » pour la peau. Enfin les savons solides ne contiennent pas d’eau, ce qui permet de les utiliser sur une période deux à trois fois plus longue. Enfin j’utilise un peu d’huile essentielle de lavandin bio courante en France et parmi les moins impactante d’un point de vue environnemental.

Où en êtes-vous dans le développement de l’entreprise ? Qui sont vos clients ?

J’ai créé l’entreprise le 1er janvier dernier après le parcours d’incubation au sein de Breizh Couv et une participation au marché de créateur au moment de Noël 2024. Mes premiers clients sont des particuliers qui souhaitent s’engager en utilisant des produits ménagers efficaces et moins impactant pour l’environnement.
Je viens de terminer une campagne de crowdfunding sur Kengo pour laquelle j’ai développé 2 produits :

• le savon de Lorient pour la vaisselle et le ménage contenant du bicarbonate
• et le savon de Lorient pour détacher le linge à base de terre de Sommières.

Les fonds récoltés me permettront entre autre de développer une lessive en copeaux et prochainement une crème à récurer. Je vais aussi développer une offre en B to B pour les professionnels qui veulent augmenter leur part d’achat en local et en économie circulaire.

🤝 Comment Lorient Technopole vous a-t-elle accompagné ?

Mon projet est accompagné par Lorient Technopole et plus particulièrement Solen Le Calvé depuis Juillet 2024. 🏆 Il est lauréat Emergys, Incubateur de la Région Bretagne, piloté par les 7 Technopoles de Bretagne.